Les premiers résultats de l’étude «FRISBEE» sur l’ostéoporose viennent d’être publiés dans la revue scientifique internationale Maturitas. Ce travail unique en Europe est conduit au CHU Brugmann.
L’article publié fin 2017 détaille le contexte et la raison d’être de l’étude FRISBEE (Fracture Risk Brussels Epidemiological Enquiry). «Nous y livrons des chiffres sur la prévalence des facteurs de risque étudiés dans notre cohorte de patientes», explique le Pr Jean-Jacques Body, endocrinologue au CHU Brugmann. «Le pourcentage de présence de ces facteurs dans une population belge était jusqu’à présent inconnu! Nous proposons en outre une comparaison entre ces données et celles d’autres cohortes, souvent plus anciennes. Nous avons observé une très grande hétérogénéité dans la prévalence des facteurs de risque entre les différentes cohortes étudiées, ce qui influence sans doute le risque de fracture.»
FRISBEE : un outil de prévention
«L’ostéoporose, cette maladie chronique qui fragilise
les os, constitue un problème majeur de santé
publique», rappelle le Pr Body.
À l’heure actuelle, le diagnostic et le remboursement
du traitement de l’ostéoporose reposent
essentiellement sur une ostéodensitométrie (mesure
de la densité osseuse). «Or, une faible densité
osseuse n’est qu’un facteur de risque de complication
parmi d’autres! Ainsi, plus de la moitié des fractures
du col du fémur surviennent chez des femmes qui
n’ont pas été diagnostiquées comme étant ostéoporotiques
lors de l’ostéodensitométrie.»
D’autres modèles prédictifs ont été développés,
particulièrement le score «FRAX», adopté par l’OMS.
«Ce modèle permet déjà une bien meilleure évaluation
du risque de fracture, mais il ne tient pas compte de
tous les facteurs de risque identifiés à ce jour et les
données épidémiologiques propres à chaque pays sont
souvent fragmentaires», observe le Pr Body.
Mieux prédire le risque de fracture
«Le modèle que nous sommes en train de mettre
en place reprend les facteurs de risque évalués dans
le score FRAX, auxquels nous avons ajouté d’autres
paramètres, comme la présence et la fréquence de
chutes, la prise de certains médicaments augmentant
le risque de fracture, la sédentarité ou encore une
ménopause précoce sans traitement de substitution.»
En tout, une vingtaine de facteurs de risque ont
été inclus dans l’étude. Objectif: construire un modèle
prédictif à cinq et dix ans plus complet, plus fiable,
spécifique à la Belgique et sans doute extrapolable
au niveau européen. Pour mener ce projet à bien,
3.560 femmes ménopausées ont été incluses dans la
cohorte entre 2008 et 2013. Elles ont bénéficié d’une
ostéodensitométrie en début d’étude et leur état de
santé général est évalué chaque année par le biais
d’entretiens téléphoniques afin de pouvoir estimer le
poids relatif de chaque facteur de risque étudié. «Une
étude de cette ampleur est actuellement unique en
son genre au niveau européen!», souligne le Pr Body.
«Elle n’aurait pu être menée à bien sans le soutien du
CHU Brugmann et d’iris-Recherche.»
Un meilleur ciblage thérapeutique
«Une fois le modèle FRISBEE finalisé, nous plaiderons pour qu’il soit pris en compte dans le remboursement du traitement», indique le Pr Body. «FRISBEE permettra un meilleur ciblage thérapeutique. Actuellement, il y a un frein financier à donner un traitement préventif aux patients qui ne remplissent pas les critères de remboursement. Or ces derniers sont basés uniquement sur les résultats de l’ostéodensitométrie. Avec un modèle plus complet, les médecins pourront envisager de traiter les patients dont le risque de fracture est élevé, quel que soit le résultat de l’ostéodensitométrie. Et, à l’inverse, on éviterait de traiter inutilement des patients dont le risque de fracture est faible.»
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
48, décembre 2017 - février 2018)