Au cours de l'été 2016, le campus Osiris accueillait un robot chirurgical «Da Vinci». Depuis quelques mois, ce robot est partagé entre le CHU Brugmann et l'HUDERF pour plus d'efficacité. Récit d'une nouvelle collaboration.
Comment mettre l'Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola à la pointe dans le domaine de la chirurgie ? C'est à cette question que l'achat d'un robot Da Vinci par l'HUDERF voulait répondre. En effet, «disposer du robot était un projet innovant, puisque nous sommes un des rares hôpitaux pédiatriques à en avoir un en Europe», explique le Pr Henri Steyaert, chef du service de Chirurgie pédiatrique. Cet achat permet d'amorcer de nouvelles collaborations pour développer le potentiel de la chirurgie mini-invasive du point de vue médical, scientifique et académique. Un partage qui permet aussi de viser davantage de rentabilité, car l'investissement est certain. «Cela a du sens, financièrement et pratiquement, parce qu'un seul hôpital ne fait pas assez d'opérations pour amortir le robot», ajoute le Pr Jean-Marie de Meyer, médecin-chef du CHU Brugmann. La collaboration entre l'HUDERF et le CHU Brugmann était donc toute naturelle.
Le potentiel de la chirurgie robotique : premiers retours d'expérience
Il n'existe pour l'instant pas de preuves scientifiques de la supériorité d'une opération par robot. Mais certains éléments semblent tout de même améliorés par rapport à la laparoscopie: «Les patients nous rapportent moins de douleurs au niveau de la cicatrice: les bras du robot sont plus articulés et permettent d'opérer sans "forcer" la paroi du patient», précise le Dr Luc Bruyninx, chef du service de Chirurgie digestive et coelioscopique au CHU Brugmann. Par ailleurs, pour le chirurgien il n'y a pas photo: l'opération est beaucoup plus facile et moins fatigante.
Ressources humaines et ressources tout court
Le robot est aussi un argument important pour le recrutement du personnel médical et soignant. «L'apprentissage de l'utilisation du robot est très intuitif. Les chirurgiens qui se forment aujourd'hui n'ont pas envie de consacrer des années à la chirurgie laparoscopique alors qu'ils voient de l'avenir dans l'usage du robot», indique le Pr Steyaert. Même remarque du côté des infirmières, alors que l'on connaît les difficultés de recrutement. Comme le précise Valérie Castiaux, infirmière en chef du quartier opératoire de l'HUDERF, «la formation au robot se fait sur base volontaire, mais la majorité des infirmières sont très enthousiastes à l'idée de se former à cette technologie».
Le robot permet aussi d'attirer des patients… En pédiatrie, où le robot est encore relativement peu utilisé, en avoir un à disposition est un vrai argument pour certains parents. Du côté des adultes, où les robots sont plus répandus, certains hôpitaux qui n'en ont pas voient leur fréquentation diminuer.
Une collaboration sans difficultés
C'est en juin 2017 que le CHU Brugmann a effectué la première opération «adulte» avec le robot. Durant les premières opérations, une infirmière de l'HUDERF était présente pour que les équipes du CHU Brugmann puissent prendre leurs marques dans les locaux. Les équipes ont ensuite mis en place chacune de leur côté une routine efficace. Il faut dire que le service d'Anesthésie est commun aux deux établissements.
Un autre bénéfice du robot n'est pas vraiment mesurable financièrement: il s'agit des liens qu'il permet de créer. «Les équipes apprennent à se connaître et à s'apprécier; cela crée des liens et un esprit d'équipe sur le campus», conclut le Dr Bruyninx.
Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News
(n°
49, mars-juin 2018)