En bref09/02/2016

>>Dépression : un projet du CHU Brugmann soutenu par la Fondation Roi Baudouin

Dépression : un projet du CHU Brugmann soutenu par la Fondation Roi Baudouin

Le Prof. Charles Kornreich, chef de clinique de Psychiatrie, a reçu une bourse pour mener à bien ses recherches sur une approche innovante du traitement de la dépression résistante. Le tour de la question… en trois questions.

En quoi consiste le projet qui a reçu le soutien de la Fondation Roi Baudouin ?

Nous avons développé un modèle de traitement combiné, utilisant conjointement la stimulation transcrânienne à courant direct et la méditation.
La stimulation transcrânienne est une technique qui consiste à envoyer un courant électrique de faible intensité au niveau du crâne afin de stimuler les neurones situés à la surface du cerveau. Le procédé aide le patient dépressif à se «désengager» de ses ruminations négatives.
L’originalité de notre approche réside dans le fait que nous combinons cette technique à la méditation, dont l’efficacité dans la prévention des rechutes dépressives a déjà été démontrée.
Nous espérons que ces deux techniques agissent en synergie dans le traitement des dépressions dites «résistantes», c’est-à-dire celles pour lesquelles le traitement par antidépresseurs s’est soldé par un échec.

À quoi la bourse servira-t-elle ?

À poursuivre l’étude que nous avions entamée en juin 2015 grâce à un soutien du Fonds iris-Recherche. Pour s’assurer que les bénéfices de notre méthode ne sont pas uniquement attribuables à l’effet placebo, nous avons besoin d’une cohorte importante de patients. L’argent servira aussi à acheter le matériel nécessaire.

À l'heure actuelle, où en êtes-vous dans votre recherche ?

Quelques dizaines de patients ont déjà été enrôlés dans le protocole. Nous aimerions en avoir 160 au total. Le fonds que nous avons reçu nous assure de pouvoir continuer la recherche jusque fin 2016. Nos premiers résultats sont encourageants mais ils doivent encore être confirmés. Il nous faudrait idéalement une année supplémentaire pour obtenir des conclusions probantes.
Nous sommes très enthousiastes parce que la dépression est l’une des «maladies du siècle». Selon l’OMS, elle constituera la première cause d’incapacité en 2020. Or la moitié des patients dépressifs ne répondent pas aux traitements antidépresseurs classiques. Trouver une alternative efficace répond à une véritable nécessité.

Félicitations au Professeur Kornreich qui reçoit une bourse du Fonds A.B. pour ses recherches sur le traitement de la dépression résistante !

Abstract

Traiter la dépression résistante: un modèle de traitement combiné utilisant conjointement la stimulation transcranienne à courant direct et la méditation.
Charles Kornreich. Service de Psychiatrie, CHU Brugmann

La dépression représente un problème majeur de santé publique et les traitements usuels sont insatisfaisants pour de nombreux patients.
Elle se caractérise par des ruminations négatives excessives, qui envahissent la vie mentale des personnes qui en souffrent et influencent leur humeur.
Les ruminations ont une fonction adaptative lorsqu’elles focalisent notre attention sur des problèmes à résoudre, mais deviennent dysfonctionnelles dans la dépression, de par leur intensité et leur durée.
Sur le plan fonctionnel cérébral, elles correspondent à un déséquilibre caractérisé par une suractivité de zones du système limbique sous-tendant la vie émotionnelle et par un fonctionnement insuffisant des zones préfrontales associées au contrôle cognitif des émotions.
La stimulation transcrânienne à courant direct est une technique non-invasive, non douloureuse et dépourvue d’effets secondaires significatifs qui permet d’augmenter l’excitabilité des cellules situées en-dessous de la zone de stimulation. Son utilisation préfrontale est associée à une amélioration des capacités attentionnelles et a montré une efficacité dans le traitement de la dépression.
La méditation pratiquée régulièrement a un effet préventif sur les rechutes dépressives. Cette technique représente fondamentalement un entrainement attentionnel (la capacité à se focaliser sur sa respiration, des parties de son corps ou des objets), associé à des modifications de connectivité cérébrale.
Nous formulons l’hypothèse d’une action synergique possible entre la stimulation transcrânienne et la méditation, la première modalité permettant de mieux profiter de la seconde en vue de permettre aux patients de désengager leur attention des ruminations négatives.

Deux bourses ont été attribuées successivement à ce projet : le fonds Iris en 2015 et le fonds A.B. (Fonds hébergé par la Fondation Roi Baudouin) en 2016.

Nous espérons que ces recherches déboucheront sur une alternative au traitement médicamenteux de la dépression dans le cadre d’une prise en charge de courte durée en hôpital de jour.