Vous aurez peut-être remarqué que les bâtiments du CHU Brugmann portent régulièrement le nom d’un des médecins qui ont écrit l’histoire de l'institution. La nouvelle polyclinique du site Horta, inaugurée en septembre 2017, ne fait pas exception et porte le nom du Prof. Madeleine Lejour, qui a porté haut les couleurs de l'hôpital dans sa discipline.
Après des études secondaires au Lycée Emile Jacqmain, Madeleine Lejour entame des études de Médecine à l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Diplômée en 1952 avec grande distinction, elle obtient la même année le diplôme de Médecine tropicale et part au Congo où, confrontée à des nombreux problèmes chirurgicaux, elle rencontre sa vocation de chirurgienne.
Revenue du Congo, elle entre à l'Hôpital Brugmann comme bénévole au service de Chirurgie pédiatrique où elle s'intéresse particulièrement à la prise en charge des malformations faciales.
Avide de connaissances, elle part alors se former à Paris (dans les services des Professeurs Petit et Dufourmentel) et à Londres (chez les Professeurs Matthews et Harrisson) dans cette discipline alors peu développée en Belgique. A son retour, Le Dr Madeleine Lejour crée, en 1960, une équipe pluridisciplinaire de traitement des fentes labio-palatines ("becs de lièvre") dont les activités se poursuivent encore actuellement à l'HUDERF.
Ses travaux de recherche sur la pathogénie des fentes labio-maxillaires aboutissent à la défense d’une thèse d'agrégation en 1970.
Parallèlement, elle fréquente, dès 1965, le service de Chirurgie générale adulte de l'Hôpital Brugmann, dans le service du Professeur Van Geertruyden. Elle y développe une activité de Chirurgie plastique et reconstructrice, à une époque où cette discipline était mal connue et n'avait pas de reconnaissance officielle en Belgique. En 1968, elle étend ses activités de reconstruction à l’Institut Bordet.
La curiosité et l'enthousiasme du Professeur Madeleine Lejour l'attirent vers les techniques nouvelles. Elle développe ainsi à l'Hôpital Brugmann la chirurgie de la main, dont l'activité sera stimulée par l'avènement de la microchirurgie. Son dynamisme dans ce domaine lui vaudra d'être nommée Présidente du Belgian Hand Group.
Au milieu des années 70, elle devient une des pionnières de la reconstruction mammaire et y acquiert une réputation internationale. Au cours du temps, elle développe et perfectionne de nombreuses techniques de chirurgie mammaire tant plastique que reconstructive (notamment la technique de chirurgie esthétique du sein avec une cicatrice verticale, adoptée dans le monde entier).
Outre la direction du service de Chirurgie plastique, elle accepte, en 1990, la direction de l'ensemble du département de Chirurgie du CHU Brugmann et devient ainsi la première femme à assumer cette fonction jusque là réservée à ses collègues masculins. Madeleine Lejour est aussi la première femme à avoir occupé le poste de Président du Belgian Hand Group (1981-1983), de la Société Royale Belge de Chirurgie (1991), puis en 1994 de l'EURAPS.
Enseignante dynamique et appréciée en Faculté de Médecine (premier titulaire du cours de "Chirurgie réparatrice" inscrit au programme des études de Médecine), elle est à l'origine, avec le Professeur Matton, de la création d'une école renommée de chirurgie plastique et réparatrice, le Collegium Chirurgicum Plasticum. Sa réputation comme chirurgienne et ses grandes qualités didactiques ont attiré autour d'elle de nombreux élèves belges et étrangers.
Madeleine Lejour a en outre publié quelque 80 articles scientifiques dans sa discipline, et jouit toujours aujourd'hui d'une réputation internationale enviable pour son travail pionnier en matière de chirurgie du sein (tant pour les plasties de réduction que pour les reconstructions après mastectomie) et en matière de corrections des fentes labio-palatines chez l'enfant.
Madeleine Lejour est décédée en 2015 aux Etats-Unis.