>>Clinique du Ronflement : opération anti-bruit !

Examen clinique avec un endoscope souplePerturbant les nuits des ronfleurs et de leur conjoint, s'accompagnant dans certains cas d'apnées du sommeil, le ronflement n'est pas un problème à prendre à la légère. La mission de la nouvelle Clinique du Ronflement? Rétablir le silence dans la chambre à coucher!

Bruit produit par la vibration des tissus mous lors de l'écoulement de l'air dans les fosses nasales, la bouche et la gorge pendant le sommeil, le ronflement peut avoir des causes multiples (le surpoids, l'anatomie des voies aériennes supérieures, les allergies…) et être influencé par de nombreux facteurs (la prise de médicaments, l'alcool, le tabac…). Une multitude d'éléments qui justifient une prise en charge multidisciplinaire des personnes concernées. "En général, les ronfleurs sont référés par leur médecin traitant au service ORL, au service de pneumologie ou au laboratoire du sommeil. D'autres disciplines peuvent aussi être impliquées dans la prise en charge du patient: la diététique, la stomatologie, l'immuno-allergologie ou la kinésithérapie", explique le Dr Mehdi Khamaktchian, coordinateur de la Clinique du Ronflement et résident au service d'ORL du CHU Brugmann. "Le rôle de cette clinique consiste à harmoniser la prise en charge des patients et à regrouper les connaissances des différents référents en matière de ronflement."

Approche concertée

D'un point de vue logistique, il est compliqué de regrouper les médecins et spécialistes concernés sur un même plateau.
Différents outils permettent néanmoins à tous les membres de l'équipe de travailler en concertation. "Lorsqu'un patient ronfleur consulte un pneumologue, un ORL ou un spécialiste du laboratoire du sommeil, il entre automatiquement dans le circuit et peut bénéficier de l'expertise de l'ensemble des membres de l'équipe."
Sleep endoscopyDifférents examens sont programmés: examen ORL, polysomnographie (enregistrement de différents paramètres pendant le sommeil pour vérifier, entre autres, si le patient présente des apnées) et, la "sleep endoscopy" (examen permettant d'induire pendant quelques minutes un état de sommeil afin d'observer les ronflements et leurs causes). Toutes les données récoltées au cours de ces examens sont rassemblées sur des feuilles de route informatisées et accessibles à tous les médecins impliqués dans la prise en charge du patient. Des réunions multidisciplinaires sont également organisées régulièrement pour discuter des cas et déterminer le ou les traitement(s) à proposer.

Mesures d'hygiène, CPAP et chirurgie

Dans la plupart des cas, le traitement commence par des mesures d'hygiène.
"En cas de surpoids ou d'obésité, la perte de poids est essentielle pour diminuer ou faire cesser le ronflement. Les ronfleurs doivent également éviter de boire de l'alcool en soirée et de prendre des médicaments sédatifs." Pour diminuer les ronflements qui ne sont pas ou peu accompagnés d'apnées et améliorer les problèmes de somnolence diurne, un traitement chirurgical peut aussi être envisagé. "De nombreuses techniques existent. Parmi elles, la radiofréquence est celle qui est la plus souvent utilisée (cf encadré)." La plupart des personnes souffrant d'un syndrome d'apnées du sommeil modéré ou sévère sont, elles, traitées par pression positive continue.
Ce traitement est généralement désigné par l'abréviation anglaise CPAP (Continuous Positive Airway Pressure). Il s'agit d'un appareil qui applique, via un masque placé sur le nez, une pression au niveau des voies aériennes supérieures pour éviter qu'elles ne se mettent à vibrer (ronflement) et qu'elles ne s'écrasent (apnée). "Ce traitement très efficace mais contraignant est parfois aussi utilisé en cas d'apnées peu sévères, voire chez le ronfleur non apnéique", précise le Pr André Noseda, pneumologue spécialisé dans le traitement des apnées du sommeil.

Evolution des mentalités

Bien qu'il existe de nombreux traitements pour venir à bout du ronflement, nombreux sont les patients qui hésitent encore à consulter un spécialiste pour ce problème. "Même s'il y a eu des évolutions en la matière ces dernières années, certaines personnes ignorent l'existence de ces traitements. Il y a 25 ans, certains médecins jugeaient le ronflement sans importance. D'autres allaient même jusqu'à ignorer le syndrome des apnées. Les spécialistes ont dû se battre pour convaincre de l'intérêt de traiter le ronflement et sa cohorte de troubles souvent associés: fatigue chronique, diminution des performances diurnes, hypertension artérielle…"

:: Le ronflement en quelques chiffres... ::
>En Belgique, de 20 à 30% des adultes ronfl ent et de 2 à 4% présentent des apnées du sommeil.
>Les ronflements peuvent atteindre 100 décibels, soit le bruit d'une route à circulation dense ou d'une tronçonneuse.
>7% des ronfleurs estiment que ce problème perturbe leur sommeil.
>Dans un tiers des ménages où l'un des partenaires ronfle, l'autre quitte la chambre au moins une fois par semaine. 46% des ronfleurs expliquent qu'ils ont des problèmes de couple à cause de leurs ronflements.
>Le problème du ronflement est 2 fois plus fréquent chez l'homme que chez la femme, Cette différence diminue à la ménopause.
:: La radiofréquence : une technique qui fait grand bruit :: Le traitement par radiofréquence consiste à introduire une sonde munie d'une très fine aiguille à différents endroits du voile du palais, de la langue et du nez (sous anesthésie locale ou générale) et à y faire passer un faible courant électrique qui rétracte et réduit le volume des tissus ce qui diminue efficacement et durablement les ronflements.

De nombreux avantages
Entraînant moins de douleur et de complications que les techniques chirurgicales classiques, la radiofréquence est efficace dans 80% des cas chez les ronfleurs (élimination de plus de 50% des ronflements) et dans 50% des cas d'apnées. Elle permet également de diminuer significativement la somnolence diurne. Susceptible de s'atténuer après quelques années, le succès de ce traitement dépend de l'implication de facteurs tels que le poids, le tabac ou encore l'alcool.
Une deuxième séance est possible, mais rarement nécessaire.

Auteur : Aurélie Bastin
Source : Osiris News (n° 14, mars-mai 2009)