Spécialiste des affections thyroïdiennes, le Pr Kris Poppe a pris la responsabilité du service d'endocrinologie du CHU Brugmann en septembre 2009. Objectifs: renforcer les collaborations existantes… et en créer de nouvelles!
Quelles sont vos priorités pour le service d'endocrinologie?
Réduire les délais d'attente pour les consultations sera mon premier cheval de bataille. Comment? En élargissant le staff, mais aussi et surtout en améliorant la collaboration avec les médecins généralistes et les autres services et entités de l'hôpital: radiologie, laboratoire, médecine nucléaire…
En quoi le fait de travailler main dans la main avec les médecins généralistes est-il si important?
Les listes d'attente sont remplies de patients qui viennent chez nous sans demande de leur médecin généraliste et, souvent, pour des problèmes qui ne concernent pas directement le service. Un tri doit par conséquent être effectué. Une étape qui génère une perte de temps non négligeable. Le médecin de famille joue un rôle essentiel dans la prise en charge des maladies chroniques: il doit assurer le suivi quotidien du patient et effectuer les contrôles de routine. Le patient ne devrait être référé à l'hôpital qu'en cas de problème et pour les bilans plus complets nécessitant des examens spécialisés. Des séminaires seront organisés à l'attention des médecins généralistes et des professions paramédicales pour renforcer cette collaboration. Il faut également préciser que l'introduction des trajets de soins – organisation de la collaboration entre les patients atteints d'une maladie chronique, leur médecin généraliste, leur spécialiste et les autres professionnels de la santé – devrait introduire, à terme, un suivi autre des malades chroniques.
Autre grand projet: la création de cliniques multidisciplinaires pour le traitement du diabète, de l'obésité et des maladies thyroïdiennes.
Les problèmes endocriniens touchent de nombreuses spécialités. Dans le cas du diabète, le travail de l'endocrinologue ne peut se faire sans celui des infirmières, du podologue et de la diététicienne. Idem pour l'obésité, où la collaboration avec un chirurgien abdominal, une diététicienne et un psychologue est essentielle. Ces pathologies se prêtent particulièrement bien à une approche multidisciplinaire. Rassembler dans une même unité ces différents spécialistes permettra de gagner en efficacité, et rendra le travail des médecins plus agréable... au grand bénéfice des patients. J'aimerais également faciliter le passage des jeunes patients de l'HUDERF au CHU Brugmann en instaurant des consultations où ils seraient suivis à la fois par leur pédiatre et un endocrinologue. Les maladies endocriniennes sont des problèmes complexes et souvent chroniques, pour lesquels la composante psychologique ne doit pas être négligée.
Le principal objectif étant toujours l'amélioration de la prise en charge et du bien-être du patient…
En effet. Dans cette optique, je souhaite également créer un espace intermédiaire entre l'hospitalisation et les consultations ambulatoires. La plupart des patients que nous recevons à l'hôpital ont besoin d'une mise au point biologique. Des tests doivent être effectués de nuit et des prises de sang doivent être réalisées à intervalles réguliers. L'hospitalisation, même courte, de ces patients aux côtés de personnes souffrant de maladies parfois très lourdes n'est pas idéale. La création d'une petite section d'hospitalisation réservée à ces patients pourrait être la solution.
Qu'en est-il de l'enseignement et de la recherche?
Il s'agit, avec la pratique des soins, de piliers essentiels pour un hôpital universitaire. Rééquilibrer les travaux et l'investissement en temps qui est consacré à ces différents axes est l'un des objectifs de mon arrivée dans le service. L'endocrinologie, parce qu'elle est fondée sur des chiffres, est une spécialité qui se prête particulièrement bien aux travaux de recherche clinique. Chaque projet mené dans le service devra, in fine, faire l'objet d'une publication scientifique. Un tel engagement demande du temps, mais aussi d'améliorer les collaborations existantes entre les différents services. Une infirmière de recherche devrait également rejoindre l'équipe pour alléger les tâches administratives liées à ces travaux de recherche.
Auteur : Aurélie Bastin
Source : Osiris News
(n°
17, décembre 2009-février 2010)