Paul Brien, Élie Lambotte, Louis Seutin. Portrait de trois hommes qui ont marqué l'histoire et donné leur nom au site de l'hôpital de Schaerbeek et à ses nouveaux bâtiments.
Depuis la mise en activité en 2003 d'une fonction SMUR et l'arrivée en 2008 de nouveaux médecins, les activités du site Paul Brien connaissent une croissance rapide. Pour faire face à ce développement, le CHU Brugmann érige à Schaerbeek un nouveau bâtiment (aile Élie Lambotte) et étend le bâtiment hospitalier actuel (aile Louis Seutin).
Paul Brien, homme de sciences et citoyen engagé
Eminent biologiste
Professeur et doyen de la Faculté des Sciences à l'ULB, Paul Brien est un éminent biologiste et un zoologue reconnu au niveau international. Fondateur, président, puis président d'honneur du Comité de Vigilance des Intellectuels antifascistes (CVIA), et président du Comité du Front populaire, il est brièvement élu sénateur provincial du Brabant pour le Parti communiste en 1936. Dès l'occupation, Paul Brien est bien connu de l'occupant pour ses idées politiques et son intransigeance. En décembre 1942, il est arrêté dans son laboratoire et emmené comme otage à la citadelle de Huy.
Grand défenseur de la Wallonie
Coopté au sein du Comité permanent du Congrès national wallon en 1945, Paul Brien en reste membre jusqu'en 1948. Au moment où le Parlement s'apprête à appliquer les conséquences du recensement de population de 1947 à la représentation parlementaire, il signe la pétition "La Wallonie en alerte", pour tenter d'empêcher la Chambre et le Sénat "de voter une loi qui condamnerait la Wallonie à la minorité perpétuelle". Ce long texte adressé aux présidents des deux Chambres restera sans écho. Cofondateur du FDF, Paul Brien en a aussi été le premier président.
Élie Lambotte, chirurgien inventif
Travail en tandem
Chef de service de Chirurgie à l'Hôpital de Schaerbeek, Élie Lambotte est le premier chirurgien au monde à avoir traité les fractures obliques du tibia au moyen de vis, à la fin du XIXe siècle. Il avait la réputation d'être un clinicien et un opérateur audacieux et très efficace. Malgré de bons résultats, son travail suscite d'abord le rejet quasi unanime de ses pairs. Il n'aura de suite que par l'influence qu'il exerçera sur son jeune frère Albin, avec qui il travaillera de 1886 à 1890.
Brevets internationaux
Ce sont les idées de son frère Élie qu'Albin, devenu en 1900 chef de service de chirurgie à l'Hôpital du Stuyvenberg à Anvers, développe sous le nom d'ostéosynthèse. Inspiré par l'esprit pionnier d'Élie, Albin introduit dans la pratique chirurgicale une série d'instruments et de méthodes inventives pour favoriser la réparation de divers types de fractures. Les principes des frères Lambotte étaient simples et très stricts: asepsie rigoureuse, réduction anatomique parfaite, et immobilisation des fractures. Le Dr Élie Lambotte s'illustre aussi en déposant plusieurs brevets en Europe et aux États-Unis, décrivant notamment ses découvertes innovantes pour le design de lits orthopédiques et de matelas prévenant la formation d'escarres. Il fut en outre conseiller communal à Schaerbeek. Élie Lambotte disparaît prématurément, à l'âge de 56 ans.
Louis Seutin, médecin du Roi Léopold 1er
Chirurgien sous Napoléon
Dès l'école primaire, Louis Seutin suit les enseignements d'un abbé, dont le frère était chirurgien. C'est au contact de ce dernier qu'il apprend l'anatomie. Désireux d'entreprendre des études médicales, il obtient son admission à l'école secondaire de médecine implantée à l'Hôpital Saint-Pierre. À cette époque, notre pays était français et Louis Seutin n'échappe pas à la conscription. Il est enrôlé comme chirurgien aide-major dans l'armée napoléonienne. En 1813, Seutin se trouve sous les ordres du chirurgien chef Larrey et sa tâche consiste à soigner les blessés lors de plusieurs batailles en Allemagne. Il rentre en 1814 en Belgique. Dans une clinique improvisée près du champ de bataille, il détient le record d'amputation sur une journée, avec pas moins de 32 amputations réalisées dès 11 heures du matin!
Actif sur tous les fronts
De 1816 à 1820, Seutin redevient étudiant et obtient le diplôme de docteur en médecine et celui de docteur en chirurgie et accouchements. En 1822, il est appelé comme chirurgien chef de l'Hôpital Saint-Pierre et est plus tard nommé professeur à l'école de médecine de Bruxelles. Après la Révolution belge de 1830, Seutin joue un rôle important dans la création du Service de santé de l'armée belge, dont il devient médecin en chef. En1834, il est nommé médecin du Roi Léopold 1er, puis profes-seur ordinaire de chirurgie opératoire à la Faculté de médecine de la nouvelle ULB. En 1835, il préside le premier congrès de médecine belge et y lance l'idée d'instituer une Académie de Médecine, créée en 1841. En 1853, Seutin se fait élire sénateur du parti libéral. Au Sénat, il prône l'amélioration du sort des classes laborieuses et de l'hygiène publique et, par son action, parvient à faire diminuer drastiquement le nombre de femmes qui décédaient en couches.
Source : Osiris News (n° 20, septembre-novembre 2010)
Réaménagement architectural du site Brien : pose de la première pierre.